© Jean-Pierre Estournet
Rituel poétique
- Création 2002 -
"Réflexion philosophique au pied d'un mur"
Un homme. Des voix de femmes
Des corps de femmes. Huit femmes.
Entre elles et lui, le public est saisi, lâché, brassé.
Elles donnent à découvrir des histoires de mur. Des histoires d’hommes et de femmes.
L’homme écoute
Conception et dramaturgie Ema Drouin, textes Claudine Galéa
Avec :
9 comédien-nes-chanteur-ses
400 spectateurs et spectatrices
1 mur de 100 mètres
Images
Dramaturgie et mise en scène
Ema Drouin
Textes
Claudine Galéa
Composition
Renaud Gremillon
Costumes
Catherine Lourioux
Boîtes-lumières
Olivier Dumont
Travail vocal
Agnès Deutsch
Assistanat à l’écriture gestuelle
Anne-Catherine Nicoladzé
Le choeur des 8 femmes
- Sylvie Amato
- Galaxie Béchy
- Katia Boulay
- Manuella Cortès-Thonon
- Côme Delain
- Charlotte Léo
- Annick Merle
- Catherine Salvini
L’homme
Jérôme Plaza
- Deuxième groupe d'intervention
- L’Atelier 231 (Sotteville-lès-Rouen)
- Festival d’Aurillac
- Tours et remparts d'Aigues-Mortes
- L’Abattoir/Chalon dans la Rue (Chalon-sur-Saône)
- Lieux Publics (Marseille)
- Le Moulin Fondu (Noisy-le-Sec)
- Au Nom de la Loire (Tours)
Soutiens
- DRAC Île-de-France
- Thécif (Théâtre et cinéma en Île-de-France)
- Département du Val de Marne
- ADAMI
- Association Beaumarchais
Claudine Galéa
"Le mur est une épaisseur de temps, de géographies, une cartographie humaine en soi.
Des histoires, nous nous sommes aperçus, qu’il y en avait mille. Qu’elles n’appartenaient pas à des personnages mais à des mondes, qu’elles étaient comme des fenêtres. Que se trouvait là, devant nous, une boîte de Pandore.
Dès lors, ces huit femmes et cet homme n’endossent pas des personnages mais forment des figures, nées du mur et toujours y retournant, et nous revenant autres, transformées, porteuses de nouvelles histoires, de tous bords.
C’est de la langue qui surgit… Cette langue multiple, vorace, intime, publique, furieuse, acharnée, douce, sensuelle, sexuelle, crue, nue, très ancienne, ou très contemporaine, ou encore à venir…"
Une spectatrice (suite aux représentations données à Sotteville-lès-Rouen, Festival Vivacité)
"Elle est venue me prendre par la main et je l’aurais suivie au bout du monde. Dans son regard, confiance et complicité. Leur univers est brusquement devenu le mien. (…)
J'aime me promener dans la ville et toucher du doigt les murs quand je marche. Le bout du doigt devient gris, s'amassent dessus la saleté, les particules que nous produisons. Murs de la cité, mur des visages fermés dans le métro, murs qui n'en peuvent plus d'avoir des oreilles.
Elles sont leurs voix. Cacophonie de ces timbres de voix qui s'élèvent, qui disent, qui verbalisent tout ce que chacun passe sous silence, frustrations, émotions, scandales, déceptions, joies, l'empêchement à vivre. (...) Elles ressemblent à une photo de Cindy Sherman.
L'eau verte s'écoule dans le caniveau. Quand j'étais enfant, j'aimais me promener pieds nus dans l'eau du caniveau. L'eau qui s'écoule irrémédiablement, qui s'infiltre dans les interstices que lui laisse le caniveau. Elle s’approche de moi, me parle presque à l’oreille. Me confie un secret comme celui qu’on confie aux murs d’une chambre. Parce qu'on sait que lui ne le répétera pas.
Elles sont nombreuses mais sont seules face à ce mur. Je le suis moi aussi. Nous sommes des centaines mais si seuls et désarmés face à ce mur que jamais on ne regarde et qui, tout à coup, nous avoue tout, nous en dit trop.
La poésie de leur langue, de leurs paroles déversées et déclamées. Comme des mots mis magnifiquement sur du ressenti jamais exprimé.
Elles m'ont emmenée loin, m'ont enlevée l'espace d'une heure. J'y pense souvent depuis."
Par Ema Drouin
Dans la continuité de mon travail de mise en jeu, utilisant régulièrement le rituel où chacun-e participe (mouvements de foule, déplacement singulier, adresse privilégiée), les huit femmes réalisent ici un rituel pour et avec le mur.
Le mur est choisi long et "fort", il entraîne ainsi un rapport réel au corps. Elles peuvent se confronter à lui, démultiplier les propositions gestuelles et avoir une approche sensible et sensuelle, qu’elles partagent ensuite avec le public.
L’homme, au départ sur le trottoir d’en face, les suit. Le mur est comme la peau de l’homme, ses os, son cœur, elles lui parlent tout bas, l’accompagnent, le provoquent. Au départ lointain et agité, il se stabilise, approche, sort de son territoire (de ses idées reçues, de son enfermement ?) et va à la rencontre du mur.
Présence muette pendant un long moment, il prend la parole en guise de conclusion.
Le rituel fait se succéder des temps où les femmes font vivre le bruissement de l’histoire du mur grâce à la superposition des grains de voix, et des temps où la relation avec le public est unique. Le mur apparaît comme le dépositaire de la mémoire et des histoires passées là.
La scénographie permet le déplacement, d’embrasser à la fois tout ce qui se joue, d’avoir des parties de ce qui se dit et la totalité de ce qui se trame. Plusieurs types d’adresse sont proposées, à une personne ou en chœur… Certains textes sont donnés par toutes les femmes, d’autres découpés, redits, d’autres encore dits à une personne en particulier. Les chants a capella ponctuent les moments où le chœur entre dans son entier en relation avec le public. Déplacement, installation, ils permettent le mouvement tout en préservant l’humeur générale.
Le public est guidé par les comédiennes tout le temps du rituel.
Qu’elles l’alignent face au mur en laissant apparaître l’homme seul sur son "trottoir d’en face", qu’elles déroulent des tapis pour lui permettre de s’asseoir et d’observer l’ensemble de la perspective ou de suivre les déplacements, intégrés à la dramaturgie elle-même, elles sont son guide, fluide et attentif. Le jeu est de proximité, le public est impliqué avec complicité.
Midi Libre - 6 août 2002
Rendez-vous sensibles au pied du monument, Martine Brès
(…) Désir de réveiller une mémoire, mais aussi désir de réveiller les consciences. Ces huit femmes, infiltrées par un mec habillé comme elles, s’y emploient avec talent et une indécence frôlant l’émeute. Mots écrits, colère d’injustice, désirs sexuels qui habitent le sang comme un ouragan. Elles explorent toutes les bassesses, tous les interdits, laissant un public choqué, séduit et parfois terrorisé. Génial.
Le journal dans la rue - 20 juillet 2002
Huis clos en zone urbaine, Nathalie Six
Paroles de mur met en scène huit femmes et un homme dans un univers purement urbain. La rue est à la fois décor et sujet d’un spectacle qui plonge dans les petitesses de la vie. Une rue fermée par des palissades. Un grand mur, nu au premier abord, qui va révéler peu à peu ses secrets et ses blessures. (…)
Furies (Châlons-en-Champagne), Viva Cité (Sotteville-lès-Rouen), Au Nom de la Loire (Tours), Chalon dans la Rue (Chalon-sur-Saône),
Pêcheurs de cris d’été (Aigues-Mortes), Festival d’Aurillac, Rencontres d’Ici et d’Ailleurs (Noisy-le-Sec), Vive l’Art Rue (Val de Marne)